Il est environ 23h du soir et je suis toujours chez moi à me demander quoi faire. Quoi faire pour faire chier mon père qui vient de me servir une tirade moralisatrice qui avait pour but de critiquer mes actes récents, notemment à propos de mes études. Pourtant il sait, il sait qu'il ne faut pas m'engeuler comme ça, me traiter de bonne à rien et de feignasse. Parce que la feignasse elle se venge quand on l'insulte comme ça, et c'est jamais beau à voir. On dirait que c'est plus fort que lui, il a besoin de me controler, d'avoir le dessus sur moi. J'ai 21 ans merde. Alors d'accord, je vis à ses crochets et ça me va très bien. Mais s'il n'a toujours pas compris après 21 ans de vie commune que je déteste que l'on me dise quoi faire, c'est son problème.
C'est donc avec énervement que j'ai claqué ma porte et que depuis, je reste allongée sur mon lit pour trouver quelque chose qui lui fera passer l'envie de me dicter à nouveau ma conduite. Mais je ne veux pas le faire seule. Daryl serait partant c'est certain, mais hier il m'a encore laissé en plan en partant avant que je me réveille et je n'ai pas du tout apprécier. Comme d'habitude il n'a pas laissé ne serait-ce qu'un mot, oh non ce serait se comporter trop normalement pour lui, il préfère fuir comme un voleur et me laisser comme sa pute dans son lit. Et encore, une pute c'est payé. Enfin passons, le soleil est couché depuis longtemps et je n'ai aucune envie de rester seule toute la nuit, qui plus est si je dois mettre au point ma petite connerie.
Soudain un éclair d'illumination traverse mon esprit. Je me relève d'un bont et prend mon manteau que j'avais lancé quelques heures plus tôt au beau milieu de ma chambre. Descendant l'escalier en trombe, je ne prends même pas le temps d'écouter ce que ma mère me cris que je lui réponds simplement en même temps que de claquer la porte :

« Je dors pas ici ! »

C'est chiant d'habiter avec eux, toujours devoir se justifier de tout. Mais c'est ça ou je n'ai plus accès à leur argent, et la chose encore plus chiante que de vivre avec ses parents c'est de vivre sans tune. Je cours à ma voiture et fonce vers la maison de Lucre, la musique à fond et les fenêtres ouvertes pour réveiller tous les petits vieux déjà en plein sommeil au passage. On est casse couille ou on l'est pas. Lucre est le contraire de moi et qui plus est plus jeune de 5 ans et pourtant je l'adore. Elle change des autres, des gens comme Daryl ou Iwan. Elle est gentille, adorable je dirais même. Je n'ai pas l'habitude, si bien qu'a chaque fois que je la vois je me demande ce que ça doit être de vouloir être là pour les autres comme elle le fait.

Je m'arrête brusquement devant chez elle, coupant le contact et je sors d'un bond de ma voiture en claquant la portière. Je n'ai aucune idée de ce qu'elle fait en ce moment, elle est peut-être même en train de dormir déjà. Je fonce vers la fenêtre de sa chambre sans un regard en arrière. Elle va râler, c'est sûr. Je m'arrête devant sa fenêtre, ou m'attend un obstacle de taille : des volets fermés qui n'ont pas l'air d'être très encluns à s'ouvrir. Alors je tambourine, comme une dératé je dirais, pour la réveiller si jamais elle dort. Enfin, quand elle ouvrira je lui dirait que c'était au cas où elle soit à l'autre bout de la maison, je suis pas sûr qu'elle apprécit que je la réveille sciemment.

« Bon Lucre, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? Bouge ton gros cul et viens m'ouvrir ! »

Ca, c'est pour qu'elle sache que c'est moi. Parce que j'ai pas envie qu'elle appelle les flics en pensant qu'un gros pervers tambourine à son volet pour la violer. J'ai déjà eu les flics au cul et je dois dire que je me passerais bien de vivre cette expérience à nouveau.